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Regards croisés
Lorsque l'émotion artistique
alimente la qualité psychologique
Rencontre autour d’un des membres fondateurs
Jean-Daniel LORIEUX photographe et la Marraine de Rêver pour Guérir Marie- Estelle DUPONT-Psychologue Clinicienne.
Pourquoi l’émotion positive doit être soutenue comme une solution auprès des artistes ?
Jean-Daniel LORIEUX : Autour de ce projet, nous nous sommes rendu compte que la puissance des images étaient toujours une
surprise. Elles déclenchent une réaction. Les photographies à la fois belles et porteuses vers l’univers du rêve permettent à
chacun de se détacher un peu de son monde, d’aller vers une légèreté. C’est sans doute nécessaire pour se rapprocher de ce
qui nous fait le plus grand bien. Dans notre société, tout va très vite et souvent sous de grandes tensions. Les enfants n’ont pas
à subir cela, surtout lors d’une hospitalisation. Réaliser une photographie qui leur soit dédiée permet aux artistes d’entrer dans
la réflexion du « qu’est ce qui est bon pour eux, qu’est ce qui est valable pour tous ceux qui entourent les enfants ». En réalisant
nos productions nous pensons souvent à un autre monde. J’aurai envie de dire, « et si c’était une autre réalité ». Je m’interroge
toujours sur Nietzsche. Sa dimension du rêve était pour lui très importante, c’était une dimension de découverte. Chez les
artistes on se sent toujours transporté par quelque chose de nouveau. L’échelle est infinie pour sans doute se concentrer et
découvrir la sensation du bien. Il faut savoir ouvrir les portes à cette émotion. C’est dans ce projet que nous avons tous tenté
de transformer cette capacité à produire du « meilleur », de la surprise artistique et de l’amélioration psychologique. Pour les
photographes savoir que les photos vont être comme un voyage ou un rendez-vous visuel pour déclencher de belles réactions
chez les enfants est aussi important qu’utile pour donner du sens. Si cela doit alors oublier la douleur, apporter de l’espoir et
du réconfort c’est une victoire. C’est comme une musique qui surgit, elle vous calme, vous apaise et vous redonne de l’envie.
Quelle est la place de l’émerveillement dans le bien-être de l’enfant ?
Marie- Estelle DUPONT : L’enfant développe son intelligence et son équilibre émotionnel au fil des interactions concrètes
avec l'environnement. Ce sont ces interactions qui lui permettent, si elles sont de qualité, de développer une image de lui même
suffisamment solide, et de prendre confiance en lui. Dans la mesure où l'être humain est un être de lien et de langage,
c'est la possibilité de donner du sens au-delà de l'aspect strictement factuel et immédiat des choses qui l'aide à se projeter. Il
invente un récit quand il empile des cubes, il invente une histoire à son doudou... L'imaginaire lui permet donc de se décoller
d'une pensée strictement concrète et banale, d'une position passive de réception des stimulations extérieures pour devenir
acteur vivant du réel, y inscrire sa propre singularité. Le fait de s'émerveiller est propre à l'enfant, car il a une appétence
pour le monde qu'il découvre lorsqu'il est tout petit. Si cette curiosité n'est pas nourrie, il se déprime, devient triste, addict,
son intelligence s'enlise, il se renferme sur lui, ce qui impacte autant son intelligence que sa santé mentale et physique. Un
enfant qui ne joue pas et ne s'émerveille pas est un enfant malade. C'est la force de son désir qui lui permettra justement de
dépasser les obstacles propres à chaque âge, à fortiori l'épreuve d'une maladie. Il surmontera d'autant mieux les symptômes
et les traitements qu'il aura un rêve en tête et l'envie de vivre en pleine santé pour le réaliser et s'accomplir.
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